Faculté de sciences économiques, sociales et de gestion

Cette interview a été réalisée pour la rubrique "Le jour où..." du magazine Omalius #26 (septembre 2022)

Entré à l’UNamur en 1961, Tanguy de Biolley fait partie de la première promotion de diplômés de la Faculté des sciences économiques, sociales et de gestion. Soixante ans plus tard, il se confie avec nostalgie et un sourire non dissimulé sur ses années passées à l’UNamur. Interview.

Ce que j’apprécie tout particulièrement à l’UNamur, c’est l’attention portée aux étudiants par le corps professoral, ce besoin de leur offrir ce qu’il y a de mieux.

Comment avez-vous entendu parler de ces études qui n’existaient pas encore ?

Je suis arrivé à l’UNamur pour étudier le droit. Quelques jours après ma rentrée, j’ai rencontré le Père Joset. Il venait de créer la candidature en sciences économiques et sociales et il cherchait des étudiants pour suivre ses cours. Ça m’a tenté, alors j’ai abandonné le droit pour m’orienter vers l’économie.

Inaugurer un tout nouveau programme de cours, ça ressemble à quoi ?

C’était merveilleux ! En première année, nous étions 14 étudiants, et nous avons été choyés. On a eu la chance d’avoir une gamme de professeurs extrêmement motivés et attachants. La relation entre enseignants et étudiants était excellente, ce qui a rendu notre formation absolument splendide.

Quelle était la pédagogie appliquée à l’époque ?

En candi, notre programme de cours était assez dense avec des cours magistraux pratiquement tous les jours, de 9h à 17h. On suivait des cours de mathématiques, sociologie, statistiques, introduction à l’économie, droit des affaires… mais on avait aussi des cours plus éloignés de l’économie, comme de la biologie et de la psychologie. Tout cela était assez théorique. À partir de la première licence, on a pu choisir entre trois options : l’analyse, l’économie publique et l’économie d’entreprise. Nos professeurs étaient de vrais professionnels du terrain. Ils apportaient des cas pratiques en cours, c’était un partage d’expérience très riche.

Avez-vous réalisé un stage ?

Les programmes Erasmus n’existaient pas encore, mais le Père Joset a été pionnier. Il nous a proposé de faire un stage d’un semestre à l’étranger en troisième licence. Je suis alors parti six mois à l’Université de Rotterdam pour préparer mon mémoire. Ça a contrebalancé la frustration du manque d’exercices les deux premières années. C’était une expérience magnifique.

Tanguy de Biolley

Quel souvenir gardez-vous de la Faculté ?

Ces cinq années ont passé très vite, j’ai eu la chance de rencontrer des personnes marquantes et très inspirantes. Cette Faculté a rapidement acquis une très bonne réputation, les premiers diplômés n’avaient pas de mal à trouver un emploi. Le succès de la Faculté a continué à grandir année après année, attirant sans cesse de plus en plus d’étudiants. Ce que j’apprécie tout particulièrement à l’UNamur, c’est l’attention portée aux étudiants par le corps professoral, ce besoin de leur offrir ce qu’il y a de mieux. Et quand j’en parle avec mon petit fils qui a terminé deux années d’études à l’UNamur, je suis heureux de voir que 60 ans plus tard, il partage le même ressenti que moi.

Learning by doing : un enseignement plus actif, un accompagnement renforcé

En septembre 2019, la Faculté a mis en œuvre une réforme audacieuse de son enseignement, appelée « Learning by doing ». « Notre ambition était de former des gestionnaires, des économistes, des politologues et des professionnels de la communication en phase avec la société qui valorise de plus en plus l’entrepreneuriat, la créativité et le travail en équipe. Nous voulions aussi proposer un parcours d’apprentissage plus actif et avec des liens plus visibles entre activités », explique Alain de Crombrugghe, doyen au moment de la réforme. « Les responsables de programmes observaient en effet que, si les cours étaient complémentaires, il y avait très peu de liens entre eux. Ils ont donc cherché à casser les silos pour intégrer davantage les différentes matières et les soft skills, à savoir les compétences comportementales ou savoir-être en milieu professionnel, au sein des projets concrets », ajoute Pietro Zidda, doyen de la Faculté.

Face à ces constats, la Faculté a créé de nouveaux programmes qui incluent progressivement les pédagogies actives. Dès la première année, les étudiants réalisent un travail en équipe qui mobilise des compétences disciplinaires basées sur quatre enseignements, des compétences transversales (ex. structuration/synthèse/rédaction de texte, gestion documentaire, recherche bibliographique) et des compétences de type soft skills telles que la capacité à collaborer, à assurer le leadership, à motiver l’équipe, à gérer les éventuels conflits, à partager, etc. ».

Ils sont coachés par les professeurs et les assistants sur ces diverses compétences.

Service Learning et hybridation : deux innovations pédagogiques

Attentive à l’engagement sociétal de ses étudiants, la Faculté a prévu un dispositif de Service Learning dans sa réforme «Learning by doing». Les étudiants qui le souhaitent peuvent obtenir des crédits en fin de premier cycle grâce à une insertion active au sein d’une association. Ils sont ensuite invités à analyser et présenter leur vécu devant un jury. Ce dispositif leur offre une possibilité d’être plongés au cœur des réalités de la société, mais aussi du monde du travail et de les analyser à la lumière de certains enseignements du 1er cycle. Encore une forme de pédagogie active et intégrée, exigeante mais enrichissante.

Autre grande réforme : l’hybridation du programme à horaire décalé en économie et en gestion. Lancée en septembre 2022, cette réforme a été pensée par les enseignants et les pédagogues de l’UNamur pour développer les meilleures approches pédagogiques. Chaque professeur a été invité à réorganiser les activités d’un même cours en séquences à distance et séquences en présentiel.  Cela conduit à choisir les méthodes et les outils les plus adéquats pour transmettre une matière et susciter l’attention des étudiants.

Learning by doing

Des travaux de groupe à la gestion de projet

« Avant la réforme, on donnait des travaux de groupe, sans expliquer aux étudiants comment fonctionner ensemble, manager un free rider ou installer une bonne coopération. Maintenant, on les accompagne pour leur apprendre à mener un projet. On assure un encadrement de toutes les équipes avec un programme semaine par semaine en bloc 1 et une autonomie croissante ensuite. On est allés loin dans le détail pour garantir que tout était possible et tenable, » ajoute Pietro Zidda. Deux salles ont même été aménagées, grâce à un subside de la Sowalfin, pour offrir à chacun les meilleures conditions.

Après trois années de réforme, les résultats sont positifs et encourageants. Le taux d’abandon en 1re année a diminué, malgré les confinements successifs . Les étudiants sont davantage motivés. Les professeurs et les assistants apprécient cette nouvelle forme de collaboration entre eux.

À 60 ans, la Faculté des sciences économiques, sociales et de gestion, ne manque donc pas de créativité. Ses méthodes d’enseignement évoluent constamment, mais son objectif reste le même : accompagner les étudiants pour les amener à devenir des acteurs responsables de leur formation, de leur développement personnel et de la société.

Le 15 octobre 2022, la Faculté a célébré cet anniversaire lors d'un évènement sur le thème « La Faculté a des talents ».