Sous la supervision principale de Jim Plumat, Professeur de didactique de la physique à l’UNamur, la thèse de Cédric Vanhoolandt, à cheval entre la psychologie cognitive et la didactique disciplinaire, a pour hypothèse principale qu’un entrainement du contrôle inhibiteur pourrait se transférer vers les disciplines d’enseignement en Fédération Wallonie-Bruxelles (sciences, mathématiques, orthographe…). Le contrôle inhibiteur est un mécanisme cognitif permettant de résister à des automatismes afin de pouvoir se concentrer pleinement à la réalisation d’une tâche. Comment dès lors, entrainer ce mécanisme fortement sollicité dans le processus d’apprentissage ?

Pour répondre à cette question, la thèse de Cédric Vanhoolandt, singulière par son angle de recherche, reposait sur une analyse de terrain allant du premier degré de l’enseignement secondaire jusqu’à la première année d’enseignement supérieur.

C’était très important pour moi d’être ancré dans un contexte réel avec des étudiants et de travailler en collaboration avec des enseignants. 

La première phase de sa thèse consistait à créer des tests originaux dans le contexte de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Un des tests est notamment dérivé de la « Tâche de Stroop » consistant à devoir dire la couleur d’un mot qui est lui-même une couleur. Plus l’apprenant répond vite, et plus le risque de se tromper est important.

De ces tests, des diagnostics se sont dégagés et démontrent, au niveau de l’enseignement secondaire, « des lacunes persistantes en matière de raisonnement chez les élèves, des conceptions premières ancrées et un lien significatif avec le contrôle inhibiteur des apprenants. Et, au niveau de l’enseignement supérieur, même dans les filières scientifiques, environ 3 étudiants sur 4 semblent ne pas avoir atteint le stade de développement cognitif à partir duquel un individu devrait être capable de raisonner de façon abstraite. Il s'agit pourtant d'une aptitude attendue à l’entrée de l’enseignement supérieur », explique Cédric Vanhoolandt.

Pour pallier le déficit observé, l’auteur a choisi de poursuivre sa recherche en développant un programme d’entrainement neurocognitif auprès d’élèves du secondaire et d’étudiants du supérieur.

Une avancée pour l’enseignement de demain

Les résultats obtenus sont saisissants. En effet, plus l’entrainement neurocognitif est intensif, plus les performances enregistrées sont à la hausse, surtout chez les adolescents. Ces performances se transfèrent notamment dans une tâche de comparaison de fractions. Au global, les élèves entrainés comparent mieux et plus rapidement des fractions.

Par ailleurs, des individus initialement moins performants progressent davantage à force de mobiliser un entrainement neurocognitif. Ce constat ouvre donc une porte innovante vers un enseignement différencié par la création d’outils novateurs personnalisés, offrant une plus-value pour des élèves qui en auraient particulièrement besoin.

La thèse de Cédric Vanhoolandt intitulée « Conception d'outils diagnostiques et d'un entraînement du contrôle inhibiteur d'heuristiques en sciences. Aspects didactiques et transfert dans les disciplines scientifiques chez des adolescents en situation scolaire », a séduit le jury du Prix Philippe Maystadt. Son travail marque ainsi un potentiel tournant dans le système éducatif avec la possibilité d’intégrer des outils pédagogiques et didactiques privilégiant la mobilisation du contrôle inhibiteur pour tendre vers des progressions constantes chez les apprenants. « Le prix Philippe Maystadt est une opportunité de faire connaitre largement ce qui se fait dans la recherche en sciences de l’éducation à l’UNamur », affirme Cédric Vanhoolandt.

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© A. Delsoir / ARES

Qu'est-ce que le Prix Philippe Maystadt ?

Initiative de l’ARES, le Prix Philippe Maystadt vise à récompenser les meilleurs travaux de fin d'études, de bachelier, de master et de doctorat d'étudiantes et d'étudiants en Fédération Wallonie-Bruxelles (Belgique) liés à la thématique de l’enseignement de demain. Ce 19 janvier, les prix ont été remis en présence de la ministre de l’Enseignement supérieur, Françoise Bertieaux.

Un projet techno pédagogique en développement

Les résultats de cette thèse se concrétisent aujourd’hui par le développement d’une application numérique gratuite, « NeuroCoach ». Celle-ci permettrait un entrainement du contrôle inhibiteur à des fins pédagogiques et intègre aussi d’autres outils contribuant à une différenciation des apprentissages. L’association belge « J’apprends autrement » est déjà partenaire du projet et en assure le développement tandis que des réseaux d’enseignement sont favorables à collaborer autour de l’application.

En plaçant apprenants et enseignants au cœur de sa recherche, Cédric Vanhoolandt est certainement susceptible d’offrir des retombées (techno)pédagogiques prometteuses pour l’enseignement secondaire et supérieur en Fédération Wallonie-Bruxelles !

Institut de Recherches en Didactiques et Éducation de l'UNamur (IRDENa)

Faculté des sciences à l'UNamur