Des cours « dynamiques », « enrichissants » ou encore « captivants » …  autant de commentaires positifs formulés par les participants à la sortie de l’amphithéâtre dans lequel a eu lieu le troisième cours-conférence de la Prof. Cluzel. Elise Degrave, professeure à la Faculté de droit et responsable académique du projet, a eu l’envie d’innover en mettant en place des « cours-conférences interactifs » dans le cadre d’une Chaire Francqui. Le principe ? Une séance comportant trois parties : un exposé de la professeure invitée suivi d’une mise en pratique interactive de la théorie (par exemple, le public a été invité à traduire des règles de droit en algorithmes, pour un « juge-robot ») et, enfin, d’un débat entre tous les participants, qu’ils soient étudiants, chercheurs, assistants, professeurs ou professionnels du droit ! Afin de permettre aux participants de se familiariser avec la matière et d’entamer la séance avec curiosité et envie, un document préparatoire était mis en ligne un mois avant chaque événement, comportant des vidéos, des « serious game », des articles juridiques et de presse, des questions pour guider le participant dans la réflexion, etc.

Le jour J était l’occasion de croiser les regards, les expériences, les réflexions, les actions. Les étudiants y ont trouvé un réel intérêt. « La présence de professionnels du terrain apporte une vraie plus-value au cours du fait qu’on aborde un sujet avec une approche plus concrète. En général, avec les profs, on reste dans un cadre théorique alors qu’un expert parlera plus librement et expliquera une matière plus en profondeur » se réjouit Clarisse, une étudiante en bac2. Une seconde étudiante partageait le même enthousiasme : « Les cours-conférences, c’est vraiment une bonne idée. On a l’opportunité de rencontrer des experts. Cela permet de dynamiser le cours ! De plus, le temps de présentation était parfait : pas trop long, ce qui permet de rester bien concentré ».  Selon la Prof. Degrave, « ce type d’événement demande beaucoup de travail en amont et durant les séances elles-mêmes, mais les retours sont très stimulants et donnent sens à notre travail. Ouvrir grand les portes des auditoires, accueillir un public de tous horizons, relever le défi de faire dialoguer une professeure spécialisée, des personnes du terrain, des étudiants, les membres de notre université, crée une synergie entre nos trois missions universitaires, l’enseignement, la recherche et le service à la société et concrétise les valeurs que nous portons à l’UNamur d’accueil, d’ouverture, de modestie et de partage au travers de notre expertise ».

Un apprentissage enrichissant

Sensibiliser, apprendre et agir … telle était la mission des cours-conférences interactifs. A titre d’illustration, le troisième cours-conférence était consacré au thème Vulnérabilités et numérique : numérisation rime-t-elle avec exclusion ? Que ce soit un étudiant privé d’aide sociale par la décision d’une intelligence artificielle ou encore une personne âgée qui ne parvient pas à payer ses impôts car elle n’a pas accès à Internet ou ne maîtrise pas l’outil numérique, nous pouvons toutes et tous un jour ou l’autre être confrontés à la vulnérabilité numérique. Nous ne sommes pas égaux face à l’utilisation et à l’accessibilité des nouvelles technologies : on parle alors de « fracture numérique » pour désigner ces inégalités. La troisième leçon a débuté par un exposé d’environ 1h donné par Lucie Cluzel sur les enjeux de la vulnérabilité numérique. Un exercice d’intelligence collective attendait dans la foulée les participants. Durant cet exercice, l’auditoire s’est transformé en Parlement tandis que le public (étudiants, chercheurs, membres du milieu associatif, assistants sociaux, avocats, magistrats, journalistes, etc.) se sont mis dans la peau de représentants de différents partis politiques. Chaque parti a été invité à participer à la rédaction d’une proposition de loi en rapport avec la thématique. La séance s’est clôturée par un débat interdisciplinaire et intergénérationnel entre les participants aux profils riches et variés. Elle a également été relayée dans un article « grand format » du journal Le Soir, consacré aux oubliés du numérique.

Article « grand format » du journal Le Soir

Quand les chiffres parlent d’eux-mêmes

Cette Chaire Francqui a été un franc succès ! Les cours-conférences ont également suscité de l’intérêt dont un record de participation pour le cours-conférence sur la vulnérabilité numérique.

450

participants à la leçon inaugurale

150

participants au cours-conférence sur la justice numérique

140

participants au cours-conférence sur le contrôle des algorithmes

260

participants au cours-conférence sur la vulnérabilité numérique

Près d’un Belge sur deux en difficulté avec le numérique

C’est ce qu’indiquait une étude réalisée par le Baromètre de l’inclusion numérique 2022. « Les Etats dits développés” ont adopté des mesures visant à la digitalisation de l’administration sans prendre en compte l’impact sur certaines populations, parce que l’utilisation des technologies a toujours été synonyme de progrès, de rapidité, de simplification… » expliquait Lucie Cluzel. Cela signifie que pour vivre dans une société moderne, il faut intégrer à tout prix les nouvelles technologies dans notre quotidien mais cette transformation numérique entraîne des situations discriminatoires. Les personnes en précarité financière, les personnes âgées ou en situation de handicap ou encore celles qui ont des difficultés en lecture et écriture sont les premières à être touchées par l’exclusion numérique. En Belgique, l’association Bibliothèque Sans Frontières lutte contre la vulnérabilité numérique. Elle propose des formations professionnalisantes pour les personnes souhaitant accompagner et former les publics vulnérables dans leur utilisation du numérique. L’objectif ? Favoriser l’inclusion numérique bien entendu !