Économie de l’entrepreneuriat

Au Département d’économie, le professeur Marcus Dejardin et son ancien doctorant, désormais collègue, Guylord Kakenza Kitumba, professeur à l’Université de Kinshasa, ont lancé un projet Amorce financé par l'ARES. Leur volonté : adapter l'outil européen "EntreComp", un référentiel conçu pour identifier les compétences entrepreneuriales sur base de trois domaines (idées et opportunités, ressources et action), aux caractéristiques spécifiques de la ville de Kinshasa.

Cette adaptation s'inscrit dans un contexte socio-économique marqué par un sous-emploi important. Face à cette réalité, les deux chercheurs entendent renforcer les compétences entrepreneuriales de la population afin de favoriser la création de valeur et d'emplois et stimuler le développement économique local. « L'objectif stratégique est d'aider les diplômés universitaires kinois confrontés au sous-emploi à devenir des promoteurs ou propriétaires d’entreprises viables et pérennes, s'inscrivant dans une dynamique de développement communautaire », explique le chercheur.

« Il est nécessaire d’adapter l’outil au contexte de la ville de Kinshasa. Cela signifie de notamment évaluer la validité de l’outil de référence européen "EntreComp" auprès du public local », précise Marcus Dejardin. Une équipe de recherche rencontrera les personnes concernées pour tenter de déceler, en contexte, les déficits et lacunes en compétences entrepreneuriales. « Une fois ces éléments adéquatement détectés, nous pourrons identifier les formations à mettre en place pour accompagner ces personnes et les former aux notions de l’entreprenariat, dans le but de leur permettre de développer leur propre activité », conclut le chercheur.

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Économie historique

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Porteuse du projet européen African Women grâce à un financement ERC, Catherine Guirkinger, professeure en économie, poursuit des recherches sur l’impact à long terme de la colonisation sur les personnes colonisées, notamment en RDC. Un projet pour lequel elle exploite des données historiques des périodes coloniales, démographiques des années 50, 70 et plus contemporaines. Trois questions guident ses travaux.

« La première concerne l’impact des politiques natalistes mises en place par la Belgique dans les années 30 », explique la chercheuse. « Plusieurs pays craignaient la dénatalité et donc une diminution des populations. La Belgique a donc mis en place des politiques de santé et d’éducation visant à stimuler la natalité et pousser la population à avoir plus d’enfants ». Sur base de micro données individuelles démographiques collectées dans les années 70, elle analyse ainsi les comportements de natalité en fonction de l’exposition des femmes aux missionnaires catholiques, ces personnes chargées de mettre en place cette politique nataliste.

« Dans mon deuxième axe de recherche, je tente d’analyser l’effet à long terme de l’investissement du pouvoir colonisateur dans l’éducation des populations », poursuit Catherine Guirkinger. Grâce aux données disponibles, elle a pu évaluer l’impact de l’éducation pendant la période coloniale et post coloniale. « On se rend compte que près des lieux où ont été construit les premières écoles, le niveau d’éducation est plus élevé, notamment chez les filles. Nous essayons de comprendre si cela peut avoir un lien avec une transmission transgénérationnelle, ou bien si cela est dû à des phénomènes d’agglomération régionale… »

« Enfin, j’analyse des décisions de justice prises dans les tribunaux indigènes. Ceux-ci étaient intégrés au système juridique formel et jugeaient les affaires concernant le droit de la famille. Ces sources s’avèrent être très intéressantes, car les tribunaux devaient juger selon la coutume du lieu, mais le colonisateur cherchait à influencer les décisions prises », conclut la chercheuse

Département de phyisque

Depuis 2012, Philippe Lambin, professeur au Département de physique, collabore avec l’Institut Supérieur Pédagogique (ISP) de Bukavu, en Province du Sud-Kivu dans l’Est du Congo. Grace à des soutiens financiers du Fonds Adrien Bauchau, de subsides de la FUCID, l’ONG de l’UNamur et de la Ville de Namur, il a pu se rendre sur le terrain à plusieurs reprises en tant que professeur visiteur à l’ISP, entre 2012 et 2018. Il y coordonnait des projets au bénéfice d’une association locale de soutien aux "femmes rurales". « Ces femmes, souvent chargées de cultiver des légumes dans les villages pour les vendre en ville afin de subvenir aux besoins de leur famille, ont bénéficié de l'installation de deux unités de production d’électricité photovoltaïque, financées par le Fonds Bauchau », explique-t-il. « Celles-ci ont permis de pallier les coupures fréquentes d'électricité en fournissant une source d'énergie durable et fiable. L’une d’elles a notamment permis d’éclairer une grande salle de cours, baptisée « amphithéâtre Jean Vandenhaute » en hommage à un professeur de l'UNamur décédé, offrant ainsi aux étudiants des conditions d'étude améliorées ».

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Depuis son éméritat de l’UNamur en janvier 2019, Philippe Lambin a été nommé professeur ordinaire à l’ISP. « En parallèle, je coordonne un projet pour le développement de l’ARES-CCD (UNamur, ULiège, ISP-Bukavu et Université Catholique de Bukavu) portant sur la caractérisation et le traitement physico-chimique du coltan, un minerai souvent exploité dans des conditions précaires par des mineurs artisanaux », complète-t-il. L’objectif de ce projet est d’évaluer l'impact de la réglementation récente sur l'exploitation du coltan et d'explorer des méthodes d'extraction plus responsables et durables. Il vise également à sensibiliser les acteurs locaux aux enjeux liés à cette ressource, souvent désignée comme un « minerai de sang », en raison des conflits violents qui ont éclaté autour de son exploitation en Afrique et en Amérique du Sud.

Département d’histoire

Depuis plus de 40 ans, l’UNamur collabore avec l’ISP Bukavu dans le domaine de la biologie. En 2009, ces échanges interuniversitaires se sont étendus au Département d’histoire, avec l’implication de la professeure Isabelle Parmentier.

« C’est suite aux sollicitations du directeur-général de l’ISP de l’époque, Monsieur Boniface Kaningini, que je suis partie pour la première fois à Bukavu pour y effectuer une mission d’enseignement en tant que professeur visiteur. Par la suite, j’ai dirigé la thèse de doctorat d’un collègue, Jacques Usungo, particulièrement brillant, et nous avons poursuivi la collaboration ». Ses missions portaient sur des cours de méthodologie (méthodes quantitatives, méthodes de recherche documentaire) ou des cours généraux comme l’historiographie ou les sciences sociales en lien avec l’histoire. Lors de sa présence en Belgique, Jacques Usungo a notamment présenté des exposés dans le cadre du cours interdisciplinaire « Introduction historique aux principales civilisations extra-européennes », partie Afrique sub-saharienne, piloté par Mme Anne Cornet, ainsi que des midis de la FUCID.

En matière de recherche, c’est la thématique de l’histoire environnementale qui est privilégiée. Isabelle Parmentier a notamment collaboré au sein d’un projet ARES-CCD mêlant histoire, environnement et didactique. Le but était de créer des outils pour l’enseignement de l’histoire de l’environnement et la sensibilisation aux questions écologiques, et de réaliser des thèses de doctorat sur le sujet.

Objectifs de ces échanges ? Former des scientifiques de haut niveau et de les mettre en situation de former, à leur tour, sur place, des étudiants et étudiantes et des chercheurs et des chercheuses en histoire, car il y a pénurie de titulaires d’un doctorat.  Il s’agit également de multiplier les échanges scientifiques, profitables à tous, tant au Sud qu’au Nord. « Grâce à cette collaboration, les étudiants et étudiantes en doctorat ont pu côtoyer les chercheurs congolais venus au département. Cela leur a permis d’élargir leurs horizons, de mieux comprendre les spécificités de la recherche de terrain et ses difficultés au Congo dans le domaine de l’histoire, et en particulier de l’histoire de l’environnement très peu connue en Afrique centrale. Au-delà, c’est aussi l'opportunité d'une sensibilisation aux problématiques Nord-Sud », conclut Isabelle Parmentier.

Échanges étudiants

Dans le cadre du master de spécialisation en économie internationale de développement, la Faculté des sciences sociales, économiques et de gestion accueille très régulièrement des étudiants en provenance de la RDC. Ces échanges, réalisables grâce à un financement de l’ARES, permettent aux étudiants de suivre une année de cours à l’UNamur.