Tutorat

Cet article est tiré de la rubrique "Tomorrow learn" du magazine Omalius #27 (décembre 2022)

Le passage du secondaire au supérieur est un moment charnière : un moment d’ouverture au monde, de possibles mais aussi, souvent, d’insécurité et de doutes, en particulier pour les élèves les moins favorisés. Il y a une douzaine d’années, l’UNamur a mis en place un tutorat de transition entre étudiants et élèves du secondaire, dans une logique de discrimination positive avant de progressivement élargir son public. « Le tutorat de transition consiste à former des "cordées de réussite", illustre Marc Romainville, responsable du service de pédagogie universitaire. Ce soutien pédagogique peut relever du soutien scolaire (remédiation, méthode de travail...), mais aussi de l’accompagnement à l’orientation scolaire (informations sur les filières, système de crédits, débouchés...). Un échange qui permet aussi à l’élève de travailler sa confiance en lui et sa motivation, centrales pour sa future réussite.

Un échange dans lequel le tuteur en retire autant que l’élève

« Le tuteur n’est pas un mentor », précise Sarah Huygen, coordinatrice du tutorat en transition. « Il n’a pas le côté "blouse blanche" d’un prof ou d’un étudiant beaucoup plus âgé. Ce n’est pas celui qui sait mais celui qui accompagne et qui guide, qui permet le processus d’identification à un pair : on est vraiment dans un échange et un apprentissage, dans lequel l’étudiant en retire autant que l’élève. » Les tuteurs bénéficient ainsi d’une formation au tutorat : ils doivent ensuite répartir leurs six heures d’accompagnement entre février et mai. « Les tuteurs s’organisent comme ils l’entendent, selon le principe de liberté pédagogique, et ça se passe généralement très bien ! », poursuit Sarah Huygen. « Ils peuvent aussi bouger, se rendre avec leurs tutorés à des salons étudiants, etc. »

Cette activité de tutorat est valorisable par des crédits dans le cadre du service-learning, à savoir les compétences acquises grâce à l’expérience et au service rendu à la communauté. « Ce n’est pas du bénévolat mais un apprentissage. Le tutorat est une manière de développer ses ‘soft skills’ », insiste Sarah Huygen. Si aujourd’hui cette valorisation académique est ouverte aux seuls étudiants d’agrégation et des finalités didactiques, le projet a pour vocation de s’étendre à l’ensemble des filières universitaires et implique déjà aujourd’hui des hautes écoles partenaires du pôle namurois. « Les étudiants qui s’engagent dans le tutorat se destinent parfois à devenir profs mais il y a aussi des étudiants qui sont simplement intéressés par cette démarche d’accompagner un jeune. »

Service learning

Un tutorat entre étudiants

Dans ce même esprit, certaines facultés de l’UNamur ont mis en place un système de tutorat appariant des étudiants primo-arrivants avec des étudiants de bloc 3. Instauré en Faculté de droit depuis une dizaine d’années, le système rencontre un franc succès puisque près de deux tiers des étudiants de première année sont tutorés par 50 à 60 tuteurs.

« Le tutorat peut porter sur les codes de l’université, la méthodologie, la manière de se présenter à un examen mais aussi sur l’intérêt d’un cours, etc. », détaille Élise Defreyne, coordinatrice pédagogique pour la Faculté de droit. « Parfois, il s’agit juste de donner confiance à des étudiants qui ont parfois l’impression de ‘débarquer’. Dans de grandes facultés comme celle de droit, on peut avoir rapidement cette impression d’anonymat, a fortiori quand on a commencé ses études pendant la crise sanitaire. » Le tutorat facilite ainsi l’intégration des étudiants de première année, dans un cadre académique, en dehors des cercles et de contextes plus festifs. Et quoiqu’il n’existe pas de valorisation sous forme de crédits pour cette formule, les tuteurs ne manquent pas à l’appel. « Beaucoup considèrent que c’est une corde en plus à leur arc, au même titre que les mouvements de jeunesse par exemple. » Car ce compagnonnage est une manière d’apprendre à mieux connaître les autres... mais aussi à mieux se connaître soi-même. « La formation au tutorat permet de s’ouvrir à une certaine posture : une posture d’écoute, de soutien », poursuit Élise Defreyne. Avec à la clef de belles histoires d’amitié et de réussite. « Certains étudiants disent que pendant la crise covid, c’est grâce au tutorat qu’ils ont tenu. »

D’autres formules de tutorat sont instaurées au Département de médecine vétérinaire depuis six ans. Dans le module "clinique en équipe", ce sont les étudiants de 3e année qui coachent ceux de 1ère et 2e. Pour mettre en place cet apprentissage transgénérationnel, les tuteurs reçoivent le dispositif d’apprentissage de la part de leurs professeurs et passent une vérification pour s’assurer qu’ils sont prêts à enseigner à leur tour. En bac 3, c’est un tiers des étudiants qui choisit de s’impliquer dans le tutorat de cours de TP, afin de compléter leur formation.

Cela démontre qu’il n’y a pas de "bon" ou de "mauvais" tuteur. Être tuteur ce n’est pas synonyme d’être un élève brillant. En fonction de leur profil, les étudiants auront conscience de certaines difficultés d’apprentissage et ils seront capables de donner des trucs et astuces adaptés. On remarque que certaines notions sont mieux transmises par des tuteurs que par des enseignants.

Astrid Petit, doctorante au Département de médecine vétérinaire a étudié les nombreux avantages de ce travail en équipe intergénérationnelle : réseautage, proximité, dynamique d’équipe, échange de savoirs, de savoir-faire de conseils et tuyaux, la majorité des tuteurs et les tuteurés sont ravis de cet apprentissage.

« Grâce à cette expérience, je me suis découvert une fibre pédagogique qui dormait peut-être en moi depuis très longtemps, et j’espère pouvoir la perpétuer sur tout mon parcours scolaire, mais également dans mon futur métier », expliqueTimothy Navas, ancien étudiant et tuteur en médecine vétérinaire.

Passeports pour le bac

Depuis 2003, l’UNamur propose aux nouveaux étudiants de tester leurs connaissances et compétences de base grâce aux « Passeports pour le Bac ». « Les étudiants n’arrivent pas avec les mêmes prérequis et c’est mieux que tout le monde le sache », commente à ce propos Marc Romainville. « On leur envoie les résultats de ces tests et ils peuvent alors accéder à des cours de remédiation, recevoir une série d’accompagnements dont des aides méthodologiques. » En septembre 2021, 1 470 étudiants de l’UNamur ont présenté un ou plusieurs de ces tests de prérequis révélant, d’une part, la persistance d’une grande disparité des profils à l'entrée (particulièrement marquée en FWB comme l’ont montré à plusieurs reprises les enquêtes PISA), et d’autre part l’impact négatif de la crise sanitaire sur le niveau de maîtrise de plusieurs prérequis, tant en mathématiques qu’en lecture et compréhension d’un texte. Un effet des aménagements scolaires et de la rupture de rythme liés au covid, qui pourrait encore se faire sentir pendant quelques années.

Réussir une année à l’université nécessite de nombreuses compétences disciplinaires, méthodologiques, humaines... Cela engendre de nombreux défis ! L'UNamur accompagne les étudiants afin de les aider à relever ces défis et les mener vers la réussite grâce aux nombreux professionnels et aux dispositifs d'accompagnement à la réussite mis en place.

En savoir plus sur l'accompagnement à la réussite à l'UNamur

Une Omalius 27
Cet article est tiré du magazine Omalius #27 de décembre 2022.

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