En 2021, Hélène Givron, Alice Schittek et Martin Desseilles, enseignants à l’Université de Namur, ont tiré des constats quant à la santé des étudiants (Givron & Desseilles, 2021[1]). D’une part, ils ont observé un lien étroit entre les compétences émotionnelles et communicationnelles des étudiants en médecine. Par exemple, la capacité à aborder des sujets sensibles comme la mort nécessite une gestion émotionnelle adéquate pour communiquer efficacement avec les familles des patients. D’autre part, il a été constaté que les étudiants font face à un mal-être accru qui s’est intensifié avec la pandémie du Covid-19.

Forts de ces constats, les enseignants ont suggéré de mettre en place un TP de 15 heures portant sur le bien-être des étudiants. Celui-ci se tient surtout dans une démarche préventive et donne des outils pour entretenir le bien-être mental, social et physique. Les thèmes abordés sont larges, allant de l’alimentation, à l’hygiène de vie, en passant par de la relaxation. L'objectif est de favoriser une santé positive chez les étudiants afin qu'ils puissent mieux répondre aux besoins de leurs futurs patients.

Ce TP, en tant qu’intervention psychoéducative implantée en Faculté de médecine à l’Université de Namur, a fait l’objet d’une étude par Alice Schittek, Hélène Givron et Martin Desseilles. Elle a révélé des résultats encourageants, récemment publiés dans la Revue Pédagogie Médicale. La recherche scientifique visait à évaluer l’impact du TP sur le bien-être des étudiants. Pour ce faire, les chercheurs ont choisi de porter leur analyse dans trois filières de la Faculté de médecine : les sciences pharmaceutiques, biomédicales et la médecine. Les étudiants en médecine formaient le groupe expérimental, qui allait donc recevoir les séances sur le bien-être. Tandis que les étudiants en sciences pharmaceutiques et biomédicales, formaient le groupe contrôle en poursuivant leur cursus, sans le TP. Les résultats sont assez évoquateurs. « Une intervention psychoéducative de 15 heures semble avoir des effets positifs, en atténuant l’augmentation des niveaux de stress, dépression et burn-out, améliorant la capacité de prise de perspective (identifier et éventuellement prendre en compte le point de vue d’autrui) des étudiants en médecine. », concluent les chercheurs de l’UNamur. Ces facteurs ont pu être évalués grâce à un test auquel les étudiants devaient répondre avant et après les séances de TP. Ces questionnaires mesuraient leurs scores de stress, dépression, burn-out estudiantin, compétences émotionnelles, soutien social perçu et empathie.

Grâce à leur étude, Hélène Givron, Alice Schittek et Martin Desseilles ont pu mettre en évidence l’atout d’intégrer une telle initiative psychoéducative dès le début du cursus universitaire. Par ailleurs, en complément de l'étude quantitative, des entretiens qualitatifs ont été menés auprès des étudiants pour affiner le contenu et la forme de l'atelier dans les années à venir. Le complément de l’étude sera d’ailleurs prochainement publié.

Cet atelier de bien-être représente une initiative précieuse pour former des médecins plus équilibrés et résilients, prêts à relever les défis de leur profession tout en prenant soin d'eux-mêmes.


[1] Givron, H., & Desseilles, M. (2021). The role of emotional competencies in predicting medical students’ attitudes towards communication skills training. Patient Education and Counseling104(10), 2505-2511.